In Pennsylvania...
Nous vous avions quitté à la gare de Penn Station, vendredi après-midi.
Nous sommes arrivées en début de soirée à Harrisburg, dans une
charmante petite gare toute de bois revêtue. Le voyage en train était
assez instructif : nous avons vu un pasteur et sa famille qui allaient
à Philadelphie, mais aussi une Marine's qui transportait son poids en
bagage et nous a proposé de l'aide !
Nous avons aussi compris pourquoi le TGV ne marchera jamais aux
Etats-Unis : vous voyez les montagnes russes ? Ben c'est pareil. On est
secoué dans tous les sens, doucement en plus. Mention spéciale pour la
clim : pensaient-ils que nous étions des poulets en chambre froide ???
Anyway, nous voici à Harrisburg, où nous rencontrons Cynthia, l'amie de
Laure, facilement identifiable, qui nous dit avec hésitation "Euh...
Vous êtes les Françaises ?" C'est vrai, on aurait pu la reconnaître,
son tee-shirt affichait "Republicans for Voldemort".
NDLR : Laure et Cynthia se connaissent grâce à Harry Potter, dont Voldemort est un (méchant) personnage.
Après une heure de route, nous arrivons à Reading, où vivent le frère
et la belle-soeur de Cynthia, qui nous hébergent pour quelques jours.
Cynthia nous a fait jurer de ne pas révéler qu'elle s'était perdue dans
le dédale des rues résidentielles de Reading. Il faut dire, tous ces
pavillons ornés de drapeaux américains se ressemblent terriblement. On
se croirait dans une série télé ! Petite note culturelle : d'après
Cynthia, tous ces drapeaux, fanions, rosettes, etc, ont fleuri après le
11 septembre.
Bref. On arrive chez Ray et Vicki, qui ont l'âge de nos grands-parents.
Il faut dire immédiatement qu'on est accueillies comme une famille
qu'on revoit après une longue séparation. Ils se montrent tous très
accueillants envers nous.
Autant nous comprenons à peu près Cynthia, qui parle d'ailleurs un bon
français, et Vicki, qui nous fait penser à une mamie bienveillant,
autant nous affichons un sourire poli et gêné quand Ray nous parle
(suivi d'ailleurs de chuchotements furtifs "T'as compris, toi ?" ou
"Qu'est-ce qu'il a dit ?")
Nous passons ensuite à table, une immense table garnie de charcuteries,
fromages, légumes... Et... nous nous soumettons au rite du bénédicité,
dans lequel Ray remercie le Seigneur de lui permettre d'accueillir "our
friends". On découvre aussi, autre charme des USA, l'épi de maïs à
croquer. Il est bouilli, roulé dans du beurre (pas sous les aisselles,
non), et grignoté.
Le dessert : un fabuleux gâteau, à base de wallnuts - sans doute des
cacahuètes ou des noix de pécan - de chocolat, de lait concentré, etc.
Délicieux. Mary aime et chope la recette.
Le lendemain, petit déj calorique : énormes muffins à la cannelle,
sorte de pâtisserie amishe grasse à la cannelle, toasts au Kiri, etc.
En rentrant de l'office, Ray et Vicki déplorent que Cynthia n'ait pas
proposé de "roasted bacon"...
L'après-midi, nous allons faire les magasins. On découvre d'immenses
supermarchés. OUI le mot immense revient tout le temps. Dans nos
conversations aussi : vous pouvez dormir dans votre machine à laver de
taille moyenne, caser trois Twingos dans un pick-up de base, nourir une
famille de 4 personnes en commandant une assiette au restau, crever de
trouille en entendant chanter une cigale (quinze centimètres, ici), et
la "minuscule" Pittsburgh ne compte que 300 000 habitants...
Bref : les supermarchés. Vous voyez le Leclerc de base ? Multipliez par
quatre et mettez-en douze au kilomètre carré, ça vous fera une bonne
idée de la chose.
On en profite pour acheter un GPS, en prévision de notre périple
(d'ailleurs, là, Laure est partie chercher la voiture, c'est Mary et
Gwenn qui écrivent) à 70$. Un tom tom, donc pas de la camelote a priori.
Ensuite, on part à la chasse aux Crocs. Laure a les pieds martyrisés,
ne peut plus marcher, elle a des bleus et des griffures partout, sans
compter les cloques. On parcourt donc de nombreux magasins. Mary et
Gwenn s'attardent et pleurent de frustration devant des escarpins à
tomber, des robes de soirée en satin à 19$, de la quincaillerie so cute.
Finalement, on trouve. Ce ne sont pas des sabots Crocs que Laure
achète, mais des ballerines Crocs et pour faire bonne mesure, Mary
l'imite. Elle a un problème existentiel avec ses sandales Queschua.
Retour à Reading, on glande sur la terrasse en sirotant un verre d'eau
glacée, parce que la glace aussi est immense. En France, on met deux
glaçons dans le verre. Ici, on remplit le verre à ras bord et on met le
liquide où on peut. On se rafraîchit donc dans un rocking-chair, en
écoutant les cigales à taille de poule, et en regardant le voisin
bichonner sa piscine. Dedans, y a un dauphin en plastique qui nage
debout. C'est pour faire peur aux oiseaux :-)
On rencontre ensuite Vicki Lynn, la fille de Ray et Vicki, et ses deux
filles. Vous voyez votre ravalage de façade de premier de l'an ? C'est
sa tête de tous les jours. Notre hôte nous dira plus tard qu'elle est
une "frou-frou checked" (comprendre, coquette)
Soirée familiale et agréable autour d'un poulet (oui, immense) de la taille d'une dinde de Thanksgiving.
Le lendemain, c'est-à-dire hier, lundi, nous partons dans la matinée
pour Intercourse, un village amishe. Cynthia nous apprend que les
Amishes ont naïvement choisi ce nom pour leur ville, qui signifie
échange. Elle précise ensuite que pour 99% des gens, ce mot signifie
"rapport sexuel". Dommage.
Nous allons donc vers Intercourse, guettant les buggies, dévorant des
yeux les fermes facilement identifiables (pas de fil d'électricité, du
linge d'époque qui sèche grâce à de grandes poulies...)
Finalement, des amishes, on en verra peu. Le village où nous allons
s'est, à la désolation de Cynthia, transformé en maisons à touristes.
Il y a très peu d'amishes et leurs productions se vendent à des prix
exhorbitants (1200$ le couvre-lit en patchwork... c'est ??? c'est ???
bien, vous suivez, c'est immense !)
On prend très peu de photos parce qu'il est écrit dans la Bible qu'ils ne peuvent pas avoir de représentations de leurs visages.
Cinq heures de route plus tard, nous arrivons chez Cynthia, près de Pittsburgh. Nous rencontrons son mari, Don, qui est adorable, sa fille Mandy qui est drôle, et sa petite-fille Viola que Gwenn prévoit d'adopter sous peu. Franchement, elle est so cute. Don nous prépare un barbecue à tomber, de la viande de boeuf délicieuse, bref. On mange bien encore. Espérons que nous ne rentrerons pas... vous l'avez deviné. Inutile de réécrire ce mot.
Aujourd'hui, on va s'acheter chacune un autre sac au surplus de l'US
Army. On s'est rendu compte qu'on a le droit à 40 kg de bagages, autant
en profiter, d'autant qu'on a des idées pour les remplir. Visite des
hauts de Pittsburgh, grâce au funiculaire; puis du jardin botanique, qui est agencé en ce moment sur le thème des gargouilles ("Oui Papa, j'ai pris 200 photos", dit Mary)
Cynthia nous gâte une nouvelle fois. On a un peu honte, on réussit à lui offrir le repas (trois pauvres morceaux de pizza) à charge de revanche. Nous connaissons son faible pour les Schokobons.
Retour à Monroeville. Laure va chercher la voiture de location, une Chevrolet Impala en théorie (ils se réservent le droit de nous donner plus grand, genre un pick-up). On part demain... où ? On ne sait même pas vraiment, sans doute vers l'Ohio qui promet d'être plus intéressant que la Virginie de l'Ouest.
Dans l'idéal, on aboutit à Nashville sous peu, puis on va en Louisiane vers le bayou et les plantations, puis etc...
( notrte voiture, une Nissan Altima, baptisee Chevy car Laure voulait absolument une Chevrolet)
Et même si ce sont les vacances, nous restons des profs qui connaissons les ados, que nous ne pouvons nous empêcher de parodier : lâchez vos comms !!!